dimanche 2 mai 2010

RENDONS A CESAR...

Je parle régulièrement sur ce blog de films, de disques, d'artistes qui me touchent. Quand je relis de précédents posts, je me rends compte combien j'oublie souvent l'essentiel. Non pas que ce que j'évoque ici soit faux, mais je me suis étonné aujourd'hui de ne pas avoir parlé de 2 films qui m'ont électrisé ces derniers temps :

VALHALLA RISING (le guerrier silencieux)
J'avais adoré la trilogie Pusher de Nicolas Winding Refn. Son Bronson valait aussi le coup d'oeil. Ce réalisateur m'intrigue car il parvient toujours, à partir d'un pitch déjà réjouissant (une trilogie naturaliste sur le petit banditisme de Copenhague, un portrait du détenu le plus violent d'Angleterre...), à pondre des films qui surprennent encore plus. Le traitement, l'angle d'approche qu'il adopte les rendent tellement plus profonds que ce que leur concept initial peut laisser présager...
Alors quand j'apprends qu'il sort un film de Vikings avec un Mads Mikkelsen borgne, muet et aussi énigmatique que violent, je jubile. Et quand le métrage est au final une épopée métaphysique, lancinante et ténébreuse, je reste sans voix. Une oeuvre radicale, sans concession, d'une beauté rare. Un rythme qui prend le temps de contempler la nature autour de ces hommes perdus, et de chercher dans leur moindre geste la réconciliation entre l'humanité, l'âme et les éléments. Et cette musique, drone tourmenté qui gronde comme un derviche tournerait...

TETRO
Le film est sorti à la toute fin de 2009. Le Divin Enfant, qui s'est placé tout de suite en tête d'un éventuel palmarès personnel de l'année écoulée en matière de cinéma. Un retour magnifique du parrain Coppola aux affaires, car Tetro est non seulement un bon film, mais également un bon Coppola. Et la différence est incroyable, vraiment. Comme celle qu'il y a entre manger une belle pièce de viande, et la savourer préparée par un grand chef. Le film est d'une maîtrise formelle et narrative impressionnante. Le scénario, le second qu'écrit Coppola himself, et qu'il veut ouvertement autobiographique, est d'une grande richesse symbolique, et donne aux spectateurs de quoi être remués pour longtemps. D'autant plus qu'il filme ça dans une esthétique à la fois totalement contrôlée, mâitrisée de bout en bout, mais tellement naturelle et vivante.

Et puis je ne peux pas parler de ce film sans dire tout le bien que je pense de Vincent Gallo. Il ne joue pas le rôle de Tetro, il est Tetro. Il lui offre son charisme, son épaisseur, son intensité, sa fragilité, son arrogance. Cet homme est un artiste étrange, à la fois acteur, réalisateur, musicien, plasticien... surtout connu pour son côté provocateur et caractériel, il montre dans ses oeuvres personnelles (son album When, lo-fi jazzy et mélancolique, et ses films Buffalo'66 et The Brown Bunny, road movies dépressifs et écorchés) une facette tellement fragile de lui, qu'on se demande si là n'est pas l'essentiel du personnage, derrière son masque grimaçant. Buffalo'66 m'avait intimement bouleversé, je l'ai vu trois fois au cinéma, plusieurs dizaines de fois en VHS, et en ai écouté la BO pendant des heures. Vincent Gallo m'a apporté beaucoup, sur le plan émotionnel et artistique. Ce personnage grinçant qui laisse sa fragilité s'exprimer pleinement dans une oeuvre pluri-disciplinaire me touche et m'inspire. Je lui dois beaucoup.


samedi 1 mai 2010

FULL PACKAGE




SWEET 'N' LIGHT

Je sors tout juste de la projection de Anvil, rockumentaire sur le groupe du même nom, 34 ans de carrière, 13 albums, un succès et une reconnaissance relativement limités. Pourtant Steve "Lips" Kudlow et Robb Reiner sont animés d'une foi indéfectible, d'une fraîcheur inébranlable en ce projet. Partager son temps entre sa famille, un boulot "alimentaire" et sa passion dévorante pour la musique est à la base difficile à vivre. Une tournée de clubs miteux et de festivals déficitaires l'est tout autant, même en début de carrière. Mais y croire encore après tout, contre vents et marées à plus de 50 ans dont les deux tiers à pousser son groupe comme Sisyphe son rocher, ça laisse pantois et admiratif !

Je n'ai pu m'empêcher de penser à tous les documentaires (Funky Monks sur le Red Hot Chili Peppers, Dig sur The Brian Johnston Massacre et les Dandy Warhols, Some Kind Of Monster sur Metallica, Stickbuzz, etc...) que j'ai vu et qui m'ont aidé dans la réalisation de En vivre est un problème, pour le dvd de Psykup. Je retrouve toujours ce doute dont sont pétris les artistes, ces personnages qui apparaissent aussi charismatiques que friables, aux égos perméables à tous les regards du monde sur leur travail, leur bébé, leur chair, eux-même en somme.

Je n'ai pu m'empêcher de revoir dans certaines situations du film des moments déjà vécus ces 15 dernières années : les disputes, les sourires béats, les salles vides, les cd's gravés, les rendez-vous avec les maisons de disques, la foi, la résignation, le part humaine...

Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander où j'en serai à 50 ans, musicalement parlant...
Si j'ai encore ne serait-ce qu'un peu de l'abnégation et de la volonté de ces gars-là, j'en aurais le sentiment doux et léger que j'ai ressenti en sortant de la salle de cinéma ce soir...
Amen.