dimanche 6 juin 2010

JURASSIC PARK

La modification des pratiques de consommation culturelle ces 10 dernières années m'effraie. Je suis un enfant du support physique (CD notamment) et j'ai beaucoup de mal avec le téléchargement, surtout celui qui est illégal. Bon, a priori, je viens de perdre 50% de mon lectorat, qui pensera que je ne suis qu'un artiste près de ses sous, qui n'a de cesse de diaboliser le pauvre mélomane. Tant pis. Pour les 3 personnes qui restent, sachez que je ne serai pourtant pas un dinosaure ! Je ne vais pas m'éteindre sur les cendres des albums physiques invendus, sous les effets de l'astéroïde-crise du disque. Il aura fallu du temps, beaucoup de réflexion, mais je crois que je viens de tourner une page dans la diffusion de ma musique. Et du coup dans la façon de créer aussi. Je me sentais déjà particulièrement libre à ce sujet, mais j'ai la sensation d'avoir encore brisé une barrière. Plein d'idées me viennent. On en reparle bientôt.

mardi 1 juin 2010

ACTION !

Dans la catégorie "Il peut faire autre chose que des disques", le projet du moment est un vidéoclip. Je sais aussi faire un curry vert de poulet au lait de coco, riz basmati à l'oignon et poireau, peut être même mieux qu'un clip. Mais là n'est pas la question. Ou en fait si. Car c'est la première fois que je me penche aussi profondément dans la création audiovisuelle. Compiler des images de tournée et leur donner du sens en les montant dans le bon ordre, ça n'a rien à voir avec la création. Il y a une narration et des choix esthétiques, mais ça n'a pourtant rien à voir avec la création. La réalisation du documentaire En vivre est un problème sur Psykup m'a comblé, c'était une expérience incroyable que de se faire l'écho du groupe et des événements qu'il a vécus. C'est le rôle de documentariste, sa fonction de témoin et l'honnêteté qu'il doit au sujet qu'il filme, qui m'ont permis de dépasser ma peur intime de la création audiovisuelle.
Filmer des oeuvres de fiction, c'est un rêve qui a entêté l'adolescent que j'étais, au point de ne m'en laisser que le goût amer de ne pas l'avoir réaliser. Vous noterez qu'on réalise ses rêves en se construisant comme on réalise un film, ou qu'on réalise que l'on n'y arrivera jamais. En français c'est le même mot. Donc filmer, c'est prendre conscience et grandir. Intéressant. Ainsi, à un moment de la vie où apparemment beaucoup de choses s'affirmaient, les frustrations n'échappèrent pas à la règle, se muant en complexe de légitimité et autres blocages créatifs. Et puis un beau jour, cette appréhension s'évapore. Levant le voile sur une terre en friche, un champ de créativité depuis longtemps en jachère. Le champ des possibles.

J'ai connu Terence "Tesh" Chevrin grâce à Baptiste B. Ils étaient en école audiovisuelle ensemble. Tesh est un grand passionné, méticuleux et opiniâtre. Ce sont ses rêves qui le portent, et non l'inverse. Il sait alors se faire léger pour qu'ils puissent l'emmener le plus loin possible. Il a déjà fait des milliers de kilomètres depuis sa Nouvelle Calédonie natale pour donner corps ici à ses projets, et n'a pas peur de continuer sa route par delà les océans pour les réaliser. Avant de reprendre son chemin, il m'a proposé de filmer une vidéo pour Here Below (extrait de l'album The Seas). Nous nous sommes vite trouvé une envie commune de simplicité et d'efficacité, dictées sans doute par le manque de moyens. Cela a été salutaire, car sur un cahier des charges ainsi allégé au maximum, nous avons bâti un concept à côté duquel nous serions certainement passé si nous avions succombé à la folie des grandeurs. A l'occasion, je vous en dirai plus à son sujet. Pour le moment, je peux juste avouer qu'il donne un sens à beaucoup de choses dans ma vie. Même à ce jour où l'adolescent que j'étais (le même qui s'entêtait à vouloir filmer des oeuvres de fiction tout à l'heure) a préféré s'acheter une nouvelle basse plutôt qu'un scooter, enterrant ainsi à la campagne les délices de l'émancipation et du vent dans les cheveux.

Le tournage se déroulera dans les jours à venir, sur Paris et en studio. Yohan et Baptiste B. seront évidemment de la partie. A la fois comme interprètes ayant enregistré ladite chanson, et comme interprètes des rôles que nous avons préparés avec Tesh. Tiens donc, c'est amusant, c'est le même mot encore une fois. Si en plus ils pouvaient être les interprètes qui traduiraient nos aspirations artistiques au public, la boucle serait bouclée !
Travailler avec Tesh est très stimulant, car il a la gentillesse de me laisser m'amuser avec la casquette de co-réalisateur. Nous partageons beaucoup sur ce projet, qui a une grande valeur symbolique pour moi. Terence le nourrit de ses connaissances techniques et de ses idées, et m'apporte énormément. J'espère que je pourrais lui offrir autant en retour. Ce sont ses rêves qui le portent, quand d'autres portent les leurs comme on traîne un boulet. Il m'a fait comprendre de quel côté j'étais. Je dirais même plus : il me l'a fait réaliser.